De la beauté
Si ton corps fatigué savoure l’indolence
Dans des draps de sommeil qui câlinent ta peau
Si ton cœur affligé dépose son fardeau
Et s’offre pleinement à la nuit qui commence
Alors cet Abandon crée ta beauté
Si l’aube qui revient, à l’ennui asservie
Rend le matin frileux, fatigué de paraître
Si pourtant, impatient, s’empresse de renaître
En toi ce jour nouveau que vient t’offrir la vie
Alors cette Renaissance crée ta beauté
Si tu laisses le temps te donner sa mesure
Sans vouloir un instant lui voler de son temps
Si tu laisses la vie procréer ses printemps
Sans vouloir en orgueil imposer ta nature
Alors cette Sagesse crée ta beauté
Si l’archet d’un violon te fait fermer les yeux
Et pose sur ta peau un merveilleux frisson
Si l’émoi de ton cœur vient battre à l’unisson
D’un poème divin qui te transporte aux cieux
Alors cet Émoi crée ta beauté
Si tes bras qui enserrent un petit corps d’enfant
Oublient que de ta chair il n’a point l’héritage
Si tu vibres l’instant et le prends en otage
Dans un tendre regard qui l’étreint tout autant
Alors cette Tendresse crée ta beauté
Si l’affront qui t’est fait, le coup, la déraison
S’épuisent à vouloir libérer ta colère
Si l’ami qui renie, si le corps adultère
Te laissent sans rancœur face à leur trahison
Alors cette Tolérance crée ta beauté
Si l’être aimé déchu, l’affreux, le miséreux
Peut boire en ton regard un brin de compassion
Si son corps en guenilles et sa vie sans passion
Ont raison de ton cœur et font mouiller tes yeux
Alors cette Compassion crée ta beauté
Si des mains exaltées sur ta chair étendue
Caressent en passion la peau de ton désir
Si tu laisses ton corps succomber au plaisir
En l’offrant à l’Amour sans peur ni retenue
Alors ce Don de toi crée ta beauté
Si l’appel incessant des amours libertins
Ne saurait t’inciter à vivre l’adultère
Si ta peau désirée n’exhausse la prière
Que de cet être aimé qui t’offre ses matins
Alors cette Fidélité crée ta beauté
Si ta foi en la vie s’abreuve sans compter
À la force d’un cœur honnête et vertueux
Si tout en toi s’unit, de tes lèvres à tes yeux
Sans jamais se lasser aux temps du verbe aimer
Alors cet Etre en toi est ta beauté.
