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Arnold schwarzenegger

Le culturiste et son reflet

Un culturiste se mirait en son miroir
Rêvant d’être Apollon, chaque jour en le soir
Son torse il admirait, bandait son bras musclé
Fier de ses bourrelets et de son corps enflé
Certes c’était son droit, vivant sa complaisance
En toute liberté d’admirer sa prestance
Si ce n’est qu’il était épris de son reflet
Et de la vanité un bien triste valet
Ainsi, le soir venu, souffrant son arrogance
Le miroir recevait sa folle doléance
« Miroir, mon bon miroir, dis-moi que je suis beau
Et que de l’étalon mon corps porte le sceau
Ainsi ce sport ingrat qu’en moi rien ne refrène
Pourrai-je l’encenser et rester son mécène »
Hélas, les jours passaient, et sa belle assurance
Se voyait remplacée par la désespérance
Car longtemps le miroir, bien sourd à sa supplique
À son moi fanfaron ne donnait la réplique
Fatigué de l’entendre se plaindre en séance
Il finit par répondre à sa belle arrogance
« Deux mots à toi, l’ami, par l’orgueil haut-pendu »
Tout en lui adressant un sourire entendu
« Fais le tour ! » lui dit-il « Viens de l’autre côté
Car c’est en cet endroit que gît la vérité »
Surpris d’entendre ainsi le miroir l’entreprendre
Par la curiosité l’humain se laissa prendre
Et là, pour son bonheur, ayant pris forme humaine
Se tenait Apollon à la beauté certaine
Superbe en son dessin et musclé à souhait
La grâce de son corps à son regard s’offrait
« Oui c’est moi, Apollon, ton ami et ton maître
Je suis venu à toi, rencontrer ton paraître
Trompeur est ton ego; je sais sa volonté
De te construire un corps reflétant ma beauté
Hélas, pour toi, l’ami, tu n’es qu’humble mortel
Alors que mon reflet aux cieux est éternel
Car malgré tes efforts, jamais tu ne pourras
Égaler ma beauté ; toi-même resteras »
Puis Apollon se tut, demeura silencieux
Pour enfin lui sourire, la malice en ses yeux
« Écoute bien ceci, et fais-en bon usage
Toi qui es devenu de tes formes l’otage
La force, mon ami, tout comme la beauté
Ont bien moins de valeur que la sérénité
Si l’on aime à l’effort apporter sa louange
Il faut que celui-ci ne donne pas le change
En rendant un labeur futile et insidieux
Aux yeux des autres gens essentiel et glorieux
Car le plus bel effort, louable en son dessein
Est celui qui se sait héberger en son sein
Le vrai détachement à la chose vécue
Abandonnant sans peur de la déconvenue
Ce que tout un chacun s’obstine à acquérir
Sans tangible besoin, juste pour son plaisir »

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